La santé par l'assiette, avec le diététicien nutritionniste Charles-Antoine Winter

Pouvez-vous vous présenter et nous détailler les différentes fonctions que vous occupez ?

Je suis Charles-Antoine Winter, diététicien nutritionniste, diplômé en nutrition du sportif, certifié en médecine traditionnelle chinoise et en cours de formation en sexologie. Pour la partie « expériences », j’ai été chef cuisinier en restauration traditionnelle, enseignant en BTS diététique et j’ai effectué quelques remplacements en milieu hospitalier. Depuis 16 ans, je suis indépendant, passionné par mon métier. Et aujourd'hui, j’ai créé le cabinet de consultation Symbiose en Bretagne et mène également des actions de formations et de conférences. J’ai enfin eu l’opportunité d’écrire deux livres sur le reflux gastro-œsophagien et en écris un sur l’alimentation et la sexualité, deux activités liées aux sens et en perte de sens. Enfin, je m’active dans ma nouvelle agglomération pour joindre ma voix et mon expérience en matière d’éducation, de sensibilisation sur les enjeux de santé humaine et environnementale.

Est-ce qu'il vous arrive aussi de travailler avec des restaurateurs ?

Non, malheureusement pas vraiment. J’ai accompagné Écotable dans l’une de leurs formations auprès de 26 chefs cuisiniers à Ferrandi. Puis, en restauration collective, j’ai le plaisir d’accompagner Ressources Green. Après, il y a déjà d’excellentes structures comme Un Plus Bio ou le collectif Les Pieds dans le Plat ou NutriCulture pour les restaurations collectives. Pour la restauration traditionnelle, je suis là si besoin !

Selon vous, qu'est-ce qu'une alimentation saine ?

Tout ce que je vais dire « selon moi » provient de la science, mais la science qui a gardé sa conscience, dont la conscience environnementale. Je vais répondre précisément à la question en précisant que la notion d’alimentation « saine » s’arrête à l’aspect sanitaire. Autrement dit, l’alimentation saine est celle qui est dénuée de toxicité (produits chimiques comme les additifs, résidus phytosanitaires, résidus issus des procédés de cuisson…), de risque pathogène avec le risque bactérien, viral et parasitaire. Mais, et c’est très important, cette qualité sanitaire ne peut se limiter à l’industrie et au consommateur. Une alimentation saine ne peut provenir que d’une agriculture saine, de transports sains (si si, on le peut comme le voilier Book !) et d’esprits humains sains.

Comment l'alimentation impacte-t-elle notre santé ?

Du champ à l’assiette ! L’alimentation humaine - entendez, l’alimentation faite pour apporter une plus-value à la santé humaine - apporte des macroéléments (les calories) puis des microéléments (vitamines, électrolytes, enzymes, polyphénols etc..) en parfaite synergie afin d’entretenir le microbiote intestinale, puis après assimilation toutes les fonctions vitales. Il en faut peu, le plus important étant la qualité de la denrée et sa parfaite digestion (mastication, maîtrise des émotions, etc.). Pour répondre, je vais devoir faire référence à une étude qui parle de 11 millions de morts annuellement dans le monde à cause de la malbouffe ! On sait donc ce qu’est « une bouffe pathogène » et qu’elle est bien plus mortelle que la pollution de l’air ou la Covid-19 ! En voyant le verre à moitié plein, manger sainement est juste fabuleux pour la santé humaine et la santé environnementale. BioNutrinetsanté, grande étude de cohorte de 8 années, parle même de -31 % de risque d’obésité pour les grands consommateurs de bio (non ultra-transformé, je précise !).  Donc notre alimentation, trait d’union entre notre nature humaine et la Nature, nous conditionne positivement ou négativement, du corps à la santé mentale, de 4h à plusieurs jours. Hippocrate avait vu juste ! 

Qu'est-ce qu'un « alimenteur » ?

Un alimenteur est une substance trop souvent ingérée par l’être humain (et non par les êtres vivants !) lui fournissant l’énergie mais pas les matières nutritives, et déséquilibrant son développement en faveur du développement d’une masse inerte (biomasse ou entropie), le tissu adipeux. En cela, les alimenteurs sont un emprunt à votre santé et appauvrissent votre organisme en le perturbant dans son développement physique, mental et émotionnel. Enfin, un alimenteur est souvent toxique de par sa composition (additifs, déséquilibre en excès de sucres et/ou graisses et/ou sel) et son procédé de cuisson (concentration en produits de glycation avancée). On les retrouve dans la classification NOVA sous le code numéro 4, rouge ! Aussi, il y a beaucoup de risques à consommer ce que l’industrie agroalimentaire nous vend : elle s’enrichit, on s’endête ! Et comme tout emprunt, il doit être remboursé...

Alors, quels aliments privilégier ?

Cette question peut avoir une réponse à rallonge ! Pour faire simple : des aliments bruts (pas ou peu d’emballages), reconnaissables (visuellement rappelant le champ ou la ferme ou avec une liste d’ingrédients que vous connaissez et qui ressemble plus à la recette de mamie qu’à un cours de biochimie !), issus de pratiques agroécologiques (la bio est la seule à avoir un cahier des charges), si possible locaux, de saison et qui nécessitent un minimum de préparation culinaire (si pas de lien au champ, cuisiner permet de garder un lien à l’aliment !) et surtout de mastication.